Dernière ligne droite : la Suisse…

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Et voilà, une fois de plus, toutes les bonnes choses ont une fin. Il en est de même pour ce voyage, Autour du Monde, pt.3

Pour rappel, le but du voyage est de rallier Bordeaux (FR) à Lausanne (CH), et donc, en dernier lieu, on en était à Lasty qui volait vers la Turquie pendant que moi je me la coulais douce en Jordanie

Oui, je sais, Istanbul c’est pas du tout sur la route BordeauxLausanne, c’est trop à l’est. Autant il y avait une certaine logique à passer par l’Afrique, mais là, Istanbul, c’est clairement un détour ! Mais j’ai pas eu le choix…

Revoir Lasty

Avez-vous déjà réceptionné une moto à Istanbul ? Non ? Pour vous donner une idée, c’est un peu comme aller à la Sécurité Sociale : y’a plein de monde derrière des guichets, mais on sait pas vraiment qui travaille, on ne comprend rien de ce qu’on doit faire, et on se fait balader d’un guichet à un autre. Quand il y a des guichets. Bref, sortir Lasty de l’aéroport, c’est vraiment une aventure à part entière. Parce que tout ce qu’on raconte depuis des mois sur ce blog, à côté de ça, c’était de la tarte.

J’arrive le matin à 9h directement de Jordanie, après une nuit blanche à l’aéroport d’Amman, donc frais et dispo. Première étape : trouver le hangar de fret aérien. Evidemment, il est à 2km de l’aéroport passagers, il faut y aller à pied, j’ai mon sac avec moi et il pleut. Oui, sinon, ça serait trop simple.

Une fois dans le hangar, on demande de payer, ok, je paye. Puis on me demande d’aller à la douane, 1km plus loin, ok, j’y vais (toujours à pied, en trainant mon sac et sous la pluie). A la douane, on me dit de retourner à l’entrepôt, ok, j’y vais. Bon, je vais passer des étapes, mais ma journée n’a été que des allers-retours entre l’entrepôt et la douane, car en fait, personne ne savait vraiment ce qu’il fallait faire pour sortir une moto.

A un moment, j’ai cru que je tenais le bon bout ! On m’a laissé entrer dans l’endroit où était stockée Lasty, je me disais que c’était gagné !

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On ouvre la caisse, on vérifie que tout est là, que les numéros de châssis sont les bons…bref, une douane classique ! On en profite même pour sortir la moto et la remonter…d’ailleurs, je ne remercierai jamais assez les gens travaillant dans l’entrepôt car ils m’ont énormément aidé : à l’aide d’un transpalette, ils ont levé Lasty afin que je puisse remettre la suspension avant et la roue.

Après 2h de boulot, Lasty est remontée, prête à partir !

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Mais on me dit que c’est l’heure de manger, donc faut partir, mais sans la moto. Ok. Tout le monde part manger, je vais acheter de l’huile et de l’essence en attendant, car durant le transport en avion, il a fallu vidanger.

Sauf que, 2 jours avant que j’arrive en Turquie, il y a eu un attentat à Ankara. Et donc, dorénavant, il est interdit de vendre de l’essence dans des bidons ou des bouteilles, même 1/2L ! J’ai eu beau demander, mais non, c’est pas négociable, car la police veille.

Et donc, après la pause déjeuner, où je n’ai pas eu le loisir de déjeuner car il a fallu marcher 1h aller-retour pour trouver de l’essence et ne pas pouvoir en acheter, je suis de retour à l’entrepôt. Et là, rebelote : faut aller d’un bureau à un autre, avoir des tampons officiels de gens qui n’ont pas l’air officiels, remplir des formulaires en turque…C’est frustrant car Lasty est sur ses roues, mais je n’ai plus le droit d’y aller, et à chaque fois, une nouvelle personne arrive en me demandant un nouveau papier que je n’ai pas. Le temps passe, on est vendredi, je crains que tout ferme, et qu’il faille revenir lundi…

Et puis à 17h, miracle, alors qu’ils allaient fermer, on me dit que c’est bon, je peux partir avec la moto ! Ouf ! N’ayant pas d’essence, je pousse la moto hors de l’entrepôt.

Et là, je me dis que la galère commence en fait, oui parce qu’avant, c’était pas vraiment une galère…La galère commence car il faut pousser la moto sur plus de 2km en montée pour atteindre la station d’essence ! La bonne nouvelle, c’est que je n’ai plus mon sac à porter, il est fixé à la moto. La mauvaise nouvelle, c’est que j’ai 146kg à pousser dans la montée. Soyons positif, au moins le réservoir d’essence est vide, ça ferait 21kg en plus sinon ! Enfin, il ne serait pas vide, j’aurai pas à pousser en fait, mais bon, n’y pensons pas.

Et puis au bout d’un peu plus d’un kilomètre, je croise des motards. Ils sont coursiers. Et la magie du monde motard opère : solidarité motarde oblige, ils transfèrent un peu de leur essence dans mon réservoir ! Juste de quoi démarrer et finir sur la moto jusqu’à la station, et non pas à côté. Bon, pas de chance, Lasty n’a pas démarré depuis plus de 3 semaines, et la bougie est fatiguée : je n’arrive pas à démarrer, et la batterie est à plat. Par chance, j’avais monté juste avant de partir en voyage le kick pour démarrer ! Il m’a pas servi (enfin si, au Lesotho), mais là, je suis content de l’avoir : un investissement utile ! Je kicke, encore et encore, rien, à part de la fatigue. Un des coursiers s’y met, rien non plus. Ils me proposent de faire la descente, celle que je viens de monter, sur la moto, pour la démarrer « à la poussette ». Non. J’y tiens pas vraiment, car j’en ai chié pour la monter, alors j’ai pas envie de la descendre, et en plus, ça ne résoudrait rien : le souci c’est pas la batterie, c’est la bougie. Puis un autre coursier tente sa chance. Et dans son ultime tentative désespérée, dans un cri qui rendrait jaloux un tennisman, Lasty démarre !!!!

…et puis cale 30 secondes plus tard.

Mais on a de l’espoir, donc sur les 3 coursiers présents et moi, on se relaye pour kicker. Et puis finalement, ça démarre, ça cale pas, ourah !!!

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Je roule jusqu’à la station, escorté par les coursiers-motards, le plein, je laisse chauffer la moto comme il faut, et direction le centre-ville de…

Istanbul

Bon, on va pas vous refaire un article sur Istanbul. Pour ça, je vous renvoie plutôt vers notre article sur Istanbul qu’on avait fait en 2014, en rentrant d’Asie Centrale et d’Iran. Non pas que j’ai la flemme de taper là mais bon…les choses ont peu ou pas changé depuis 🙂

Cependant, cette ville est toujours aussi belle. Nous l’avions adorée en 2014, et je suis toujours émerveillé cette année.

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Malheureusement, les événements récents (attentat sur la place de Sultanhammet quelques mois plus tôt) et l’hiver font que les quartiers touristiques sont déserts ! Il y a plus de policiers sur la place que de visiteurs. Je me sens en sécurité en tout cas, je me dis que s’il doit se passer quelque chose, ça sera pas là, mais dans un autre endroit de la ville.

Je passe le weekend à me reposer, sans vraiment savoir la suite du programme. Et puis finalement, je décide de rentrer directement en Suisse. J’aurai bien aimé prendre mon temps, car la dernière fois déjà on a tracé IstanbulFrance, mais je me rends à l’évidence : c’est l’hiver, y’a de la neige à certains endroits d’Europe, et en moto, c’est vraiment pas drôle de rouler dans ces conditions. Il faudra vraiment qu’on reprenne cette route en été, et prendre notre temps, découvrir la Grèce et autres…

Et donc, le lundi, c’est sous un froid soleil d’hiver que je prends la route : Lausanne m’attend !

Mais avant, moment photos, un truc que je voulais faire avec Teddy mais on ne pouvait pas, vue la taille de l’engin…

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L’avantage d’une moto : son petit gabarit permet d’aller partout, même là où c’est pas vraiment autorisé…

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Ok, ça c’est fait, direction la Grèce, pour aller à Igoumenitsa, attraper un bateau pour aller en Italie, et la Suisse. Le bateau m’évitera les Balkans, et donc de trop rouler dans le froid.

En route

C’est avec un pincement au coeur que je fais cette route. Le voyage est bien terminé en effet. Je ne suis plus vraiment en mode aventure, ou alors je ne suis pas tout à fait suicidaire vu le froid, et donc, le soir, je ne sors pas ma tente, mais je choisis l’option hôtel. Bon, dur retour à la réalité : une nuit d’hôtel en Europe, c’est au moins 30€, et non pas moins de 10$, mais par chance, ça se négocie aussi. Un peu. Parce que c’est l’hiver et que y’a pas de touriste en ce moment.

Et puis en Grèce, sur la route, y’a pas énormément d’hôtels ouverts, donc on prend le premier qu’on trouve, exit les petits hotels miteux d’Ethiopie (mais qui me convenaient très bien), là, hôtel 2 étoiles, avec draps blancs et propres, eau chaude et serviette fournie ! L’aventure tout confort…

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Mais non, ils n’ont même pas de garage pour mettre Lasty à l’abri…

Et puis j’arrive à Igoumenitsa après avoir tiré tout droit depuis Istanbul. Je retrouve des sensations de conduite Occidentale en roulant vite : 93km/h ! Vitesse que je n’ai jamais atteinte en Afrique ! Là, j’ai vraiment la sensation de rouler comme un malade, mais quand je regarde mon compteur ou qu’une Twingo me dépasse, je reviens à la réalité…

Sur le bateau qui relie la Grèce à l’Italie, ça ne se bouscule pas. Peu de voitures, et une seule moto : la mienne !

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C’est vraiment pas la période de retour de vacances ! En 2014, on a embarqué en septembre, et nombre de personnes d’origine turque rentraient de Turquie vers l’Europe, après avoir passé les vacances d’été en famille. Là, bah…personne 🙂 Ca facilite les choses au moins sur le bateau pour trouver où dormir…

Pis l’Italie. Comme en Grèce, je trace. Sauf que là, c’est moins drôle : entre la conduite des italiens – qui sont, je pense, les pires conducteurs au monde, ou en tout cas du monde qu’on a déjà visité -, la pluie et la neige, je crois que c’est vraiment le moment le plus dur du voyage.

Une petite halte chez Motorcycle Special Things qui m’ont demandé de passer leur faire un coucou, et comme c’est sur ma route…Il s’agit d’un atelier de préparation moto, préparation rallye-raid plutôt, mais pas que. Dans leur atelier, je trouve la moto parfaite pour Hyon : petite et rose (la moto, pas Hyon…quoi que Hyon est petite…) !

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Moi je prendrais bien la blanche derrière…bref.

Et puis au fur et à mesure des kilomètres, chevauchant mon cheval (de fer) blanc, fidèle destrier, j’y arrive enfin…

La Suisse

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Bon, là on rigole moins. Non pas que je me marrais spécialement avant, mais au panneau frontière suisse, on annonce la couleur : blanc. Blanc de neige.

Petit point géographique : pour aller en Suisse, en fait, on n’a pas le choix, faut se taper de la montagne. N’importe quel côté où j’aurais attaqué, j’aurais été confronté à de la montagne. Du coup, j’ai choisi la route la plus directe, en passant par le col du Simplon.

Pour les motards suisses et italiens, c’est un col symbolique, car tous les ans est organisé la Bénédiction des Motards, pour ouvrir la saison des motards en mai. Oui, parce qu’il y a des motards qui ne roulent que quand il fait beau, chaud et tout ça. La plupart en fait même.

Et donc, c’est parti pour ce col, principale difficulté de la journée, car à 2000m d’altitude et par -7°C et bien ça glisse, ça gèle et on voit rien !

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Quand j’arrive au sommet, je prends une pause pour que mes mains perdent cette vilaine couleur bleue. Si au moins j’avais mon équipement d’hiver avec moi…Je retrouve quelques motards, ils viennent là pour prendre un café, et redescendent, c’est la balade du weekend. Enfin pour beaucoup, c’est moins dur que pour moi car entre les poignées chauffantes et la selle chauffante de leur 1200GS, ils ont tout le confort !

L’un d’entre eux me fera remarquer d’ailleurs que ma petite moto est plutôt sympa pour se promener dans les bois autour de chez soi, mais le problème c’est que c’est pas fait pour partir loin. Pour ça, il faut la même moto que lui, BMW 1200GS Adventure, et rien d’autre…Les donneurs de leçon m’auront bien fait rire durant ce voyage. Oui, on peut voyager avec autre chose qu’une moto à 20000€.

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Et puis on redescend la montagne, je suis en Suisse, objectif rempli, direction…

Moudon

Je ne me rends pas exactement à Lausanne, mais un peu au nord, dans un petit village qui s’appelle Moudon. Mignon comme nom, non ? C’est là que Hyon est installée depuis plus d’un an maintenant. Et donc, après plus de 15000km, j’y suis ! Je gare Lasty devant la maison, cette fois-ci, c’est terminé, on y est. Je prendrai soin de l’attacher à un poteau d’ailleurs, histoire qu’elle ne s’enfuit pas encore on ne sait où.

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Pour vous, Moudon, ça vous parle pas. Mais pour les suisses, ça leur parle : Moudon c’est le village où a lieu les plus grandes fêtes des brandons !

A peine arrivé, je suis mis dans le bain de la culture suisse au moins : fêtons les brandons ! Mais qu’est-ce que c’est ?

Du vendredi au dimanche, sous des pluies de confettis, la ville est animée par les Guggens, sorte de fanfares déguisées et ultra-organisées…

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Sur la place du village, sur scène, s’enchainent ces mêmes guggens, plus de 15 formations seront présentes ! La définition d’une guggens est assez drôle : ensemble de type fanfare, jouant déguisé et généralement assez fort…

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Et le dimanche, clou du spectacle, le défilé de chars ! Chaque année, un thème est donné, pour orienter les déguisements des gens, car tout le monde participe en se déguisant ! Cette année, le thème était « Galactique », donc Moudon, le temps d’un weekend se transforme en repère d’extraterrestres en tout genre…et les chars, pour la plupart, suivent ce thème !

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On imagine la Suisse et les suisses stricts, sérieux et tout ça…Et bien les Brandons, c’est tout le contraire !

Et voilà, c’est sur cette note festive et colorée que s’achève le récit d’Autour du Monde pt.3…une nouvelle page se tourne car un chapitre se clôt.

Mais on ne vous laissera pas sans lecture, on viendra alimenter ce blog avec quelques épilogues et conclusions, sorties et balades dans notre nouvelle région…enfin on dit ça à chaque fois, et on le fait jamais. On verra…

A bientôt, et merci d’être passé nous lire ici 😉

16 thoughts on “Dernière ligne droite : la Suisse…

  1. Merci Jmi pour la tenue de ce blog, en espérant qu’il donne a d’autre la soif de parcourir le vaste monde ou à tout le moins de s’y intéresser 🙂

    1. On espère aussi que ce site inspirera d’autres personnes, c’est tout le but ! On a été inspiré par d’autres blogs de voyageurs, on a rêvé des heures durant…alors on ne souhaite que ça en retour aussi 🙂

  2. Voilà , cette fois -çi , c’est la fin de l’aventure . Mais pourquoi es-tu allé cherché la complication , alors que le chemin de l’auvergne à Moudon n’était pas si long ?

    En tous cas merci pour ces récits palpitants , qui nous ont fait voyager devant notre écran .

    1. Auvergne Moudon c’est pas long oui, mais Bordeaux Moudon ça passe forcément par l’Afrique si on regarde une carte…

  3. Bravo, clap-clap et respects admiratifs. Comme dit plus haut , ca décomplexe et donne envie de bouger. Merci.

    1. Ne pas hésiter !!!! Il faut bouger, dès qu’on en a l’occasion…si on a pu faire tout ça, nous, des gamins, des gens avec plus de maturité y arriveront sans souci 🙂

  4. Salut Jmi, avant de quitter Bordeaux, tu m’avais dit qu’après ce voyage, tu te calmerais et poserais ton sac à dos pour quelques temps. C’Est toujours vrai ou tu prépares déjà ton prochain voyage ?
    En tout cas, merci de nous avoir fait vivre tes aventures. Du coup, tes récits vont me manquer.
    @+

    1. C’est toujours vrai ! On pose les sacs un peu, je cherche du boulot, et on s’installe quelques temps…combien de temps, on sait pas, mais on se pose 🙂
      …mais on avait dit pareil en arrivant à Bordeaux…
      Merci d’avoir partager les récits et d’avoir pris un peu de ton temps pour lire 😉

  5. merci pour tout ces recits, palpitants,dépaysants ,cocasses , emouvants , captivants , sa va me manquer ,la prochaine aventure c’est quoi, un bébé?
    a tres bientot
    Denis

  6. waooo… quel périple !! impressionnant
    tu reflechissait à devenir pro (oragnisateur de voyage roots 😉

    tu te lances dans cette aventure ?

    1. Ca viendra, j’espère…dans un premier temps, il va me falloir bosser pour être en règle ici 🙂 Pcq je suis sans-papier là…

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